Disponible prochainement

Vous êtes ici !

Mala­koff scène natio­nale a convié l’au­teur Mathieu Simo­net à mener un grand projet parti­ci­pa­tif : Vous êtes ici.

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Après plusieurs mois passés à arpen­ter la ville et récol­ter des centaines de récits, le projet Vous êtes ici est désor­mais entre vos mains : redé­cou­vrez Mala­koff à travers les yeux et les mots de ses habi­tant·es.

Cette carte a été réali­sée par les étudiant·es du DN MADE Graphisme augmenté – J. Prevert, et les enre­gis­tre­ments sonores par le studio Wave.audio, que nous remer­cions toutes et tous chaleu­reu­se­ment pour leur parti­ci­pa­tion au projet !

Consul­ter ici le recueil.

en parte­na­riat avec la ville de Mala­koff dans le cadre de Mala­koff en fête et avec Paris Habi­tat
— la carte inter­ac­tive et les affiches ont été réali­sées par les étudiant·e·s du
DN MADE de graphisme augmenté du lycée Jacques Prévert de Boulogne-Billan­court
avec le soutien de l’Onda – Office natio­nal de diffu­sion artis­tique

Liste des récits Récits de la zone
Récit
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13 Rue Perrot

L’atelier de poterie 

C’est au 13 rue Perrot que je suis « tombée dans un seau de barbotine », un mercredi après-midi de l’année 1984 ou 85. J’avais 7 ou 8 ans. La jeune potière qui habitait cette maison se prénommait Mariane, comme ma mère, mais avec un seul « n » ! C’est juste derrière le portail en fer forgé, dans cette partie indépendante de la maison qui cache la maison elle-même (située derrière et qu’on voit à peine depuis la rue) qu’elle avait installé son atelier. Mariane y proposait aux enfants du quartier des ateliers hebdomadaires pour découvrir le modelage de l’argile et les secrets du métier qu’elle exerçait.

J’ai participé à ces ateliers toutes les semaines, pendant plusieurs années, jusqu’à mes 13 ans, jusqu’au jour ou Mariane a quitté cette maison pour aller s’installer un peu plus loin de Paris, dans une autre ville, au bord de la campagne. J’ai continué à aller la voir régulièrement pour modeler et jouer avec la terre le temps d’une journée un dimanche par mois, jusqu’à mes 16 ou 17 ans.

C’est dans cet atelier du 13 rue Perrot que j’ai façonné, durant ces années de mon enfance, des bols, des vases, des assiettes en forme de fruits, des pichets, mais aussi des personnages, des animaux étranges, des maisons, des boites et autres merveilles en argile… Sans jamais oublier de tremper mes mains dans le seau de barbotine, toujours prêt à déborder dans un coin de l’atelier. Cette terre à la consistance mi-liquide mi-pâteuse ressemblant à de la gadoue avait un aspect un peu rebutant mais un touché aussi doux et soyeux que surprenant. C’était un vrai plaisir de sentir glisser sur la peau de mes mains cette étrange matière au contact si agréable et mystérieux à la fois.

C’est ici que j’ai fait mes premiers pas sur un tour de potier. J’y ai fait mes premiers colombins, mes premières empreintes dans la terre, mes premiers émaillages dans des seaux d’émaux aux drôles de couleurs rouge fer qui ressortaient noirs ou bleus après la cuisson… Chaque semaine j’étais impatiente de revenir et d’y retrouver l’odeur de la terre humide, de sentir celle-ci se transformer dans mes mains en des objets qui prendraient vie plus tard… Impatiente de retrouver aussi la chaleur du four qui venait de s’ouvrir en révélant les dernières œuvres de chacun, celles de la potière comme celles des enfants, avec des heureuses surprises comme des moins heureuses. Impatiente de retrouver l’atmosphère joyeuse qui y régnait, grâce à la confiance que Mariane accordait aux enfants qu’elle accueillait, grâce aux contes qu’elle nous lisait parfois pendant qu’on modelait, et grâce aussi au traditionnel « tradéridera » ce jeu chantant auquel nous jouions au moment du gouter partagé à la fin de chaque séance… Je me souviens que ces moments passés au 13 rue Perrot n’étaient pas seulement des ateliers de découverte de l’argile, mais de découverte d’un certain bonheur…

C’est ici, je crois, que mon âme de potière est née. Je le suis devenue à mon tour quelques années plus tard, sans avoir jamais quitté le contact de la terre, allant d’ateliers de céramistes en écoles de céramique. C’est à Malakoff, dans cette ville ou j’ai grandi, que j’ai installé mon propre atelier en 2002 après quelques années de formation professionnelle. Depuis plus de 20 ans je partage aussi les secrets de l’argile à des enfants et des adultes dans un atelier du 14ème art de Paris. Et c’est enfin dans des écoles primaires de Malakoff que j’interviens dans les classes auprès des enfants pour leur faire découvrir le bonheur de ce matériau magique qui recouvre notre planète.

Marjolaine B.

Vous êtes ici – Image de fond