Malakoff scène nationale a convié l’auteur Mathieu Simonet à mener un grand projet participatif : Vous êtes ici.
Après plusieurs mois passés à arpenter la ville et récolter des centaines de récits, le projet Vous êtes ici est désormais entre vos mains : redécouvrez Malakoff à travers les yeux et les mots de ses habitant·es.
Cette carte a été réalisée par les étudiant·es du DN MADE Graphisme augmenté – J. Prevert, et les enregistrements sonores par le studio Wave.audio, que nous remercions toutes et tous chaleureusement pour leur participation au projet !
› Consulter ici le recueil.
— en partenariat avec la ville de Malakoff dans le cadre de Malakoff en fête et avec Paris Habitat
— la carte interactive et les affiches ont été réalisées par les étudiant·e·s du DN MADE de graphisme augmenté du lycée Jacques Prévert de Boulogne-Billancourt
— avec le soutien de l’Onda – Office national de diffusion artistique
Je n'étais encore jamais allé au Théâtre 71. Une de mes meilleures amies se produisait ce jour-là en tant qu'actrice sur le plateau de la scène nationale. De plus, j'avais envoyé une semaine auparavant ma candidature pour y travailler en tant qu'alternant. L'occasion était trop bonne et j'ai donc pris le métro pour aller voir le spectacle, mais il y eut beaucoup de problèmes sur la ligne 13, encore plus que d'habitude, et je suis arrivé au théâtre avec plus de vingt minutes de retard.
À peine étais-je entré qu'un ouvreur m'emmenait déjà dans la salle par l'entrée du haut. Je n'avais pas eu le temps de regarder autour de moi, d'observer, de m'acclimater au lieu. Lorsque j'entrai dans la salle, je m'aperçus que celle-ci était plongée dans une obscurité quasi-complète. En effet, le spectacle avait déjà commencé et la seule source lumineuse se résumait à un mince filet de lumière qui coupait la scène en deux. Le reste de la salle baignait dans le noir.
Je vais souvent au théâtre, ce n'est pas la première fois que je me retrouvais privé de lumière en compagnie d'autres spectateur.ice.s. Pourtant, je me souviens clairement avoir été saisi d'un sentiment étrange. C'était comme si l'obscurité était devenue un mur infranchissable. Je ne voyais absolument rien autour de moi, je ne parvenais même pas à discerner mes voisins ou à me faire une idée des dimensions de la salle. Ce sentiment de solitude totale que j'ai ressenti était à la fois effrayant et apaisant. Je ne pouvais voir personne mais personne ne pouvait me voir. Ainsi, je me suis laissé couler dans mon siège jusqu'à ce que la lumière ne revienne quelques minutes plus tard.
C'est une histoire qui m'a beaucoup marquée. Lorsque j'entre dans la salle, cet épisode me revient toujours en mémoire, ce qui m'arrive souvent puisque je travaille désormais dans l'équipe de la scène nationale.
Pierre N.